Rénovations / transformations

EN MÉMOIRE D'ISAAC LOUIS THELLUSSON

Dressé sur les remparts de la Vieille-Ville, l’immeuble d’angle de la rue Beauregard impose sur ces trois façades un classicisme superbe dans un emplacement privilégié. Réalisé il y a près de deux siècles et demi pour le conseiller Isaac Louis Thellusson, il apparaît aujourd’hui encore comme un chef-d’œuvre grâce à l’harmonie de sa composition et à la finesse de ces ornements.

Un travail pointu de restauration
Les options retenues visent d’abord à supprimer les aménagements récents dénués d’intérêt, sans perturber la substance ancienne encore présente. Les dressings et salles de bains sont par exemple décloisonnés, favorisant la fluidité spatiale et permettant au vaste hall d’entrée de revenir à sa géométrie première. Cette remise en ordre accepte la situation actuelle et, par un travail ciblé, relève les strates historiques intimes de l’appartement. Les planchers et les corniches de différentes époques sont ainsi réparés et complétés ; la tuyauterie apparente est maintenue, évitant de bouleverser l’ensemble du système sanitaire ou de chauffage. Un travail très pointu de restauration est en revanche accordé aux éléments les plus anciens. Qu’il s’agisse des délicates boiseries intérieures, des parquets décorés ou des baies rouvertes en façade, ces précieux témoins bénéficient d’opérations soignées afin de retrouver l’éclat et l’équilibre caractéristiques d’une habitation bourgeoise pensée à la fin 18e siècle. Sans plier aux tendances arbitraires de la mode, les peintures aux tons doux et retenus qui habillent les pièces principales répondent à une étude stratigraphique.

À l’origine entièrement réservé à l’habitat, l’édifice propose une série d’appartements conçus avec une grande somptuosité. Une réussite totale qui lui vaut d'être classé de « monument historique » en 1923, lors des toutes premières campagnes d'attribution.
Six mètres au-dessus de la place des Casemates, l’appartement du rez-de-chaussée inférieur bénéficie d’un jardin tourné vers le Sud et, flanquée à l’angle Est, d’une jolie gloriette tapie sous les plantes. Un relevé soigné et la découverte de documents d’archives montrent que les pièces principales ont subi de faibles modifications, alors que les espaces de service se sont vus considérablement transformés au cours du temps. On repère notamment une distribution intérieure un peu bousculée, des équipements sanitaires modernes mais déjà dépassés, des fenêtres obturées donnant sur le mur pignon et un catalogue plus ou moins heureux de finitions et de décors. Une diversité d’éléments et de styles dont il convient d’identifier la valeur pour élaborer un projet de rénovation juste et respectueux.

 

À l’image d’un système électrique archaïque entièrement modernisé et d’un système de chauffage maintenu parce qu’encore parfaitement efficient, les interventions techniques se limitent au strict nécessaire. Les salles de bains et la cuisine disposent d’un équipement contemporain, installé dans des espaces enfin débarrassés des meubles et des revêtements aussi communs que navrants posés dans les années 1960. Bienvenue, l'amélioration thermique des fenêtres et des portes-fenêtres passe par le maintien complet des menuiseries anciennes, dont les simples vitrages se sont vus remplacés par des verres isolants neufs et performants.

Le respect de la mémoire
Délibérément, il n’a jamais été question de retrouver toute la pureté d'origine disparue de cet appartement. Le respect et la revalorisation de la mémoire des lieux ont en effet été préférés à la reconstitution artificielle du passé. Une opération de restauration qui atteste de la présence des générations antérieures dans ces murs, transformant les stigmates du passé en vénérable patine du temps.

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